Elementaris: Le Monde Des Hommes; C2: Ropes

Publié le par Alban Gimli

Chapitre 2 : Ropes

Le visage de Roy s’était éteint. Plus aucuns sourires, aucunes expressions ne s’en dégageaient. Il était triste et cela se fit ressentir dans toute la salle du trône. Aude donna congé aux domestiques en leurs demandant d’aller retrouver leurs familles dans la zone du château qui leur était réservée. Roy était toujours assis, sans bouger, en fouillant sa mémoire à la recherche des souvenirs où sa mère lui apparaissait. Et la première image qui lui revint de sa mère, correspondait au jour où il avait quitté le château de son défunt père à Ropes, pour rejoindre celui dans lequel il habitait aujourd’hui. Il se rappelait avoir demandé à sa mère de l’accompagner, mais elle se refusait à quitter le château dans lequel elle avait grandi et dans lequel son mari était mort. Ce souvenir-là, lui fit ressentir un profond sentiment de culpabilité, dû au fait qu’il n’avait pas été présent pour sa mère au moment venu. Aude se sentit obligée de faire un geste pour le réconforter. Elle s’approcha de la table et vit la tarte aux potirons que Roy avait demandée le matin même. Elle prit la tarte et s’approcha de Roy en mettant en évidence la tarte:

- Elle est exactement comme celle de ta mère, tu devrais en prendre, murmura-t-elle.

Le regard de Roy fut attiré par la tarte aux potirons qui était la spécialité de sa mère. Il pensa à toute les fois où sa mère lui avait préparé cette tarte, tous les moments dans lesquels il revoyait sa mère s’extasier en le regardant déguster sa tarte. Son regard toujours posé sur la tarte qu’Aude lui tendait, il décida d’en prendre une part. Dans sa bouche, la tarte avait exactement le même goût que dans ses souvenirs, il ne manquait qu’une chose, où plutôt une personne, sa mère le regardant et souriant devant lui. Soudain il ressentit une terrible boule au ventre, il venait de réaliser la perte de sa mère, qu'il ne la reverrait plus. Aude prit Roy par le coup et le blottit contre elle, comme pour réconforter un enfant.

Il se passa un long moment, pendant lequel Aude serra Roy fort contre elle pour apaiser sa peine. Puis il se reprit et avec les larmes aux yeux, se redressa et dit en regardant Aude :

- Merci d’être là, dit-il en la regardant puis en baissant les yeux.

- C’est normal voyons, c’est ce que toute épouse doit faire, être là pour…

- Arrête de jouer la comédie, coupa Roy tout doucement avec la tête baissée, comme s'il avait quelque chose à se reprocher. Tu es toujours avec moi, après tout ce que je t’ais fait, ne serait-ce qu’aujourd’hui…

- Tais-toi, cria Aude avant qu’il ne termine sa phrase.

Roy releva la tête et observa le visage de sa femme. Il vit très bien qu’elle l’évitait du regard, de sorte à contenir sa colère, qui était facilement identifiable par les petits mordillements qu’Aude faisait subir à sa lèvre inférieure. Puis, elle lui annonça sur un ton doux mais transpirant de reproches :

- Oublis ça, tu dois avoir assez de choses en tête en ce moment, annonça-t-elle, tout en continuant à le fuir du regard.

- Mais, insista Roy, je …

- STOP, cria Aude, pense plutôt à ce que tu vas faire pour ta mère.

Roy n’insista pas plus, et proposa :

- Euh, il était un peu désemparé, je pense qu’il est logique que je me rende à Ropes. Aude fit un signe de la tête pour montrer qu’elle était d’accord. Nous lui feront des funérailles dignes de celles de mon père et nous la placerons à ses côtés.

- Et quand partirons-nous ?

- Demain !

- Demain ?! S’exclama Aude. Un voyage vers Ropes ne s’organise pas du jour au lendemain. Du moins pas pour un Roi.

- Nous partirons demain, s’imposa Roy. Je dois bien ça à ma mère. Je répandrais la nouvelle de sa mort moi-même, au fur et à mesure que nous voyagerons à travers Elementaris. Je vais de suite avertir les gardes de se lever tôt demain et qu’ils soient préparés pour un long voyage. Merci Aude. Va te coucher je te rejoins d’en un instant.

Aude et Roy partirent dans des directions opposées. Aude alla retrouver sa chambre contrariée et Roy après avoir franchi quelques portes et couloirs se retrouva dans le quartier du château réservé aux gardes. Le quartier était désert et très calme, surement car la plupart devaient dormir à cette heure. Il s’avança jusqu’à une porte et se positionna devant. Il leva sa main pour s’apprêter à toquer quand cette dernière s’ouvrit. Un garde apparut devant Roy qui était toujours la main levée. Les deux hommes se regardèrent et Roy ne put s’empêcher de s’apercevoir que le garde en face de lui était quasiment nu et qu’il portait qu’un petit caleçon. Le garde mit un certain temps avant de s’apercevoir qui il avait en face de lui et quand il s’en rendit compte, il tira un grimace et se dépêcha d’attraper quelque chose pour se couvrir. Il tira sa couverture et s’enveloppa dedans. Il retourna auprès de Roy et demanda :

- Que faites-vous ici si tard votre majesté ? Demanda-t-il très gêné par la situation.

- Je suis désolé de vous dérangez si tardivement vous et votre famille.

Le garde l’interrompit.

- Ne vous en faites pas, je suis seul.

- Ah… Donc je viens pour vous prévenir et vous demander d'avertir vos compères. J’ordonne à tous les gardes d’être présents dans la cour du château demain matin.

- Compris votre majesté, je vais de suite les prévenir. Il commença à s'avancer pour sortir de sa chambre, mais Roy le stoppa d’un geste de la main.

- Vous feriez mieux de vous habillez si vous toquez aux portes, fit remarquer Roy.

Le garde devint écarlate et se tourna vers sa commode pour enfiler des habits.

- Comment vous appelez vous ?

- Phinéas Coule, monsieur.

- Et bien Phinéas, une fois que vous serez habillé et que vous aurez prévenu tous les gardes, je veux que vous trouviez quelqu’un qui devra partir immédiatement pour Forta, Tanord et Ropes afin d’avertir les gardes sur place de mon arrivé dans les prochains jours.

- Bien compris, Phinéas hocha la tête. Permettez-moi de vous poser une question, pourquoi ce voyage si soudain vers Ropes ?

Roy ressentit à nouveau la boule au ventre qui lui laissa échapper une légère grimace. Les souvenirs où sa mère lui apparaissait refirent surface, et ce ne fut qu’après un moment d’absence que Phinéas le fit réagir :

- Votre majesté ? Vous allez bien ? Demanda Phinéas un peu désemparé.

- Vous saurez tout demain matin, reprit Roy. Que tous les gardes soient dans la cour très tôt et préparés, annonça-t-il d’un ton autoritaire. Je vous informerai de la situation. Vous seul m’attendrez en haut des marches du château pour me tenir informé de l’avancement des taches que je vous ai confié. Sur ce, je vous dis à demain et bon courage.

- Votre majesté, s’exclama Phinéas, j’ai très bien compris les taches que vous m’avez confié, mais j’ai bien peur que les autres gardes ne me croient pas, si je leur demande sans justification.

- Avez-vous une plume et du papier, demanda Roy un peu agacé.

- Non désolé, mais mon voisin oui. Il sortit de sa chambre et entra sans toquer dans la chambre tout de suite à droite.

Roy très surpris, s’avança et glissa sa tête à travers l’ouverture de la porte. Il vit un homme allongé dans son lit et qui visiblement venait de se réveiller à cause d’ Phinéas.

- Mais qu’est ce qui te prends Phinéas, demanda le garde en clignant des yeux, éblouit par la lumière qui émanait du couloir.

- Tais-toi Mathieu, répondit Phinéas. Entrez votre majesté, tout est là. Roy s’avança, regarda Mathieu qui laissa tomber sa mâchoire inférieure avec étonnement et Roy prit la plume et écrivit quelques mots.

- Voilà qui devrait faire l’affaire, Roy tendit le mot à Phinéas qui le prit. Sur ce je vous souhaite à tous les deux une bonne nuit, je vais me coucher. Roy adressa un signe d’au revoir de la tête à chacun et quitta la pièce en fermant la porte. Il entendit des explications et surtout Mathieu qui n’en revenait pas d’avoir reçu le Roi dans sa chambre.

D’un pas assuré et rapide il se dirigea vers ses appartements en repassant par la salle du trône. Mais son regard se posa malencontreusement sur la table où se trouvait la tarte aux potirons éclairé par les quelques chandelles qui étaient restées allumées. Et encore une nouvelle fois, il ressentit la boule au ventre qui l’obligea à s’asseoir sur un banc proche. Les souvenirs ne faisaient que réapparaitre encore, encore et encore. La boule au ventre ne faisait que grossir jusqu’à…

- Roy ?! Aude était descendue pour voir pourquoi son mari prenait autant de temps. Et en le voyant assis à ce morfondre, elle s’était précipitée vers lui. Qu’est ce qui ce passe ? Parle-moi, murmura t’elle près de son oreille. Roy se redressa et ils se prirent l’un et l’autre de leurs bras. Aude laissa échapper quelques larmes.

-  Ça fait mal, il fondit en larmes sur l’épaule d’Aude qui fit de même.

- Allez, pense à demain, dit Aude en essuyant ses larmes d’un geste rapide de la main, nous nous rendrons à Ropes où nous lui feront des funérailles majestueuses. Le voyage va être long, donc je t’en supplie allons-nous coucher maintenant sans dire un mot et sans penser à autre chose que demain.

Aude regarda Roy dans les yeux et elle se leva. Elle prit la main de Roy pour l’emmener avec elle et sans rien dire il la suivit. Tous les deux, main dans la main allèrent se coucher en sachant que le lendemain serait une très longue journée.

Le couple se réveilla à l’aurore, ils s’habillèrent léger, pour ne pas être trop encombrés pendant le voyage. Une fois prêt, ils s’observèrent afin de s’avoir si l’autre l’était aussi et Aude prit la main de Roy pour le trainer vers la porte de sa chambre. De l’autre côté de la porte, le valet principal d'Aude les attendaient.

- Bonjour Simon, dit Aude.

- Bonjour madame, il s’inclina légèrement en regardant Aude, monsieur, et fit de même pour Roy. Il n’était pas plus vieux qu’Aude et Roy.

- Vous avez surement été mis au courant de la situation Simon ? Demanda Aude.

- Oui madame, vous quittez le château pour Ropes. Aude lui lança un regard qui lui fit comprendre qu’il ne devait pas poser plus de question. Et… je suppose que je reste ici ?

- Oui, vous garderez le château en notre absence, nous ne savons pas combien de temps nous allons rester à Ropes, cela dépendra de… Elle s’interrompit et regarda son mari.

- Je t’attends à la porte principale, annonça Roy d’un air triste, qui accéléra le pas pour distancer Aude et Simon.

- Qu’est-ce qu’il a aujourd’hui ? Dit-il d’un ton méprisant.

- Simon s’il te plait, il vient de perde sa mère.

- Ah, excuse moi je ne savais pas. Je comprends mieux ce voyage si précipité d’un coup.

- Je veux que tu gardes le château en notre absence, si quelque chose arrive envois nous un messager.

- Vous en avez pour longtemps ? Je n’aime pas trop être au pouvoir.

- Je ne sais pas combien de temps il va falloir pour qu’il s’en remette. Tu l’aurais vu hier, on aurait dit un enfant. Ça prendra le temps que ça prendra, soupira-t-elle. Prend bien soin de toi, au revoir,  elle lui fit un bref signe de la main et fila vers la porte principale du château.

Quand elle arriva devant la porte, Roy était assis contre un mur, le regard dans le vide. Elle arriva en face de lui et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Une fois debout, elle se rapprocha de lui et l’embrassa. Elle lui murmura « tu vas-y arriver ». Roy se mit en face de la porte s’avança et la poussa. Quand il l’eut franchi, il s’aperçut que le temps resplendissait toujours en cette fin d’été. Il vit Phinéas, le garde qu’il avait rencontré la veille, s’approcher de lui.

- Bonjour votre majesté, j’ai accomplis toute les taches que vous m’avez confiées. Comme vous pouvez le voir, la majeure partie des gardes est en bas des marches. Phinéas montra de la main les gardes qui attendaient leur roi.

- la majeure partie des gardes ? Interrogea Roy qui semblait très surpris.

- Euh… Oui votre majesté, répondit Phinéas complétement désemparé.

- Peu importe, reprit Roy. Quant est-il des autres taches ? Continua Roy légèrement agacé.

- Trois cavaliers sont en chemin pour Tanord, Ropes et Agamard. Même si Agamard n'est pas sur votre route j’ai jugé utile de disposer ainsi.

- Vous avez bien fait, complimenta Aude.

Roy s’avança devant les marches et commença à les descendre suivit de près par Aude et Phinéas. Un peu avant la fin de la descente, il s’arrêta pour s’adresser aux gardes qui l’attendaient.

- Bonjour à tous, aujourd’hui est un jour très triste pour notre royaume et plus particulièrement pour moi. Les gardes se regardèrent en se demandant à quoi Roy faisait allusion. Il ressentit cette boule au ventre qui ne l’avait pas quittée depuis la veille et qui lui coupa la parole. Aude s’approcha et mit sa main sur l’épaule de son mari et lui murmura à l’oreille.

- Soit fort, tu vas y arriver. Roy la regarda du coin de l’œil et mit sa main sur celle de sa femme, toujours sur son épaule.

- Merci Aude, murmura-t-il à son tour. Il releva la tête et annonça avec un léger tremblement dans la voix, ma mère est morte, quelques exclamations de surprises se firent entendre et Roy continua. Je vais enterrer ma mère à Ropes aux côtés de mon père. Je voudrais qu’un petit groupe m’escorte pour ce voyage, environ une vingtaine. Mon intendant au château pendant mon absence sera Simon, ceux qui resteront dans la région devront faire tout ce qu’il demandera et sans discuter, vous assurerez la sécurité du château et du village.

Roy descendit les dernières marches et les gardes s’écartèrent pour le laisser passer en présentant leurs condoléances. Roy regarda les gardes et choisit ceux qui formeraient l'escorte pour le voyage. Il chargea les premiers gardes de préparer la diligence dans laquelle il voyagerait et une fois la sélection terminée, il demanda à Phinéas de l’accompagner avec Mathieu, le garde qu’il avait réveillé la veille.

Enfin, tout fut prêt pour le départ et juste avant de monter dans la diligence, il s’adressa à Phinéas qui se tenait à coté de cette dernière :

- Phinéas, puis-je vous demander une dernière chose ? Demanda doucement Roy.

- Oui votre majesté, aucun problème, répondit Phinéas aussi doucement.

- Les habitants du royaume que nous allons rencontrer vont sans doute se demander pourquoi un tel cortège traverse le royaume. Donc j’aimerai que vous annonciez la nouvelle de la… Roy ressentit à nouveau la boule au ventre.

- Ne vous inquiétez pas, j’ai bien compris, et je le ferais, interrompit Phinéas un peu gêné par la situation.

- Merci Phinéas, et il monta dans la diligence.

Tout le monde était prêt et le convoi commença à se mettre en marche. Les gardes chevauchaient des chevaux et étaient disposé tout autour de la diligence. Deux groupes étaient en retrait, un jouait un rôle d’éclaireur et l’autre restait en retrait derrière le convoi. Le premier village traverser était celui de Forta et à chaque villageois rencontré on entendait Phinéas et quelque fois Mathieu, annoncer la nouvelle de la mort de leur ancienne reine. Des fois, on pouvait entendre des villageois crier leurs condoléances au Roi, mais il ne leur fit aucun signe de réponse. Arrivés à la sortie du village Est, la route se scindait en deux directions, et un petit panneau de bois les annonçaient :

« Verda : Boisonir » suivie d’une flèche vers la droite et « Praira : Tanord, Ropes » suivie d’une flèche vers la gauche.

Ils tournèrent logiquement à gauche. Il était environs midi, quand ils arrivèrent à la limite entre Forta et Praira. Une immense et magnifique arche à travers la montagne délimitait les deux régions. Ils franchirent l’arche et arrivèrent sur une route bordée des deux côtés par des forêts. Celle à droite était la forêt de Verda. Elle était claire et on voyait facilement entre les arbres, avec un peu de chance, on pouvait voir quelques animaux s’y promener. Mais la forêt sur leur gauche… le convoi s’en écarta le plus possible. Ils firent tellement d’écart qu’un garde tomba de son cheval et n’ayant pas vu une branche qui dépassait de la forêt de Verda. A vrai dire, tout le monde était terrifié quand on s’approchait de cette forêt, tout le monde l’appelait la Forêt Maudite et ça depuis un certain évènement qui s’y était produit :

« Il y a une trentaine d’années, un matin une petite fille blonde et son père décidèrent d’aller cueillir des champignons et des fruits dans la forêt qui à cette époque était très fréquentée. La mère de la fille, les regardèrent s’en aller en direction de la forêt et leur adressant de grands gestes de la main. Durant cette journée, la mère s’occupa comme elle put. Elle fit le ménage de son petit taudis, sortit cueillir quelques légumes dans son petit jardin et prépara à manger pour le retour de sa petite famille. Mais le temps passait et la femme ne les voyait toujours pas revenir de la cueillette. De plus en plus inquiète, elle se décida à courir en direction du village le plus proche. Elle entra dans l’auberge la plus fréquenté du royaume et cria au secours pour retrouver sa fille et son mari. De suite, les habitués de l’auberge se regroupèrent et organisèrent une battue à travers la forêt pour retrouver les deux disparues. La nuit commençait à peine à tomber et tout un tas d’hommes et de femmes s’engouffraient dans la forêt. La mère alarmé courait et criait partout dans la forêt à la recherche de sa fille et son mari. Au bout d’un certain temps et toujours sans aucune trace d’eux, l’espoir de les retrouver commença à s’estomper. Puis tout d’un coup, elle entendit un cri au loin dans la forêt. Un cri effrayant, si fort que tous les oiseaux posé sur les branches des arbres alentour s’envolèrent. Et aussi vite que le cri était survenu, il se stoppa net, comme si il avait été happé par quelque chose. La femme se demanda ce qu’il s’était passé, et courut dans la direction du cri, mais à ce moment précis, elle entendit quelqu’un courir dans sa direction. L’homme la vit et lui ordonna de courir vers le village, mais la femme ne voulait pas quitter la forêt sans avoir retrouvée ses proches. Il lui attrapa le bras et la força à le suivre. Ils couraient pour sortir de la forêt, la femme ralentissait fortement l’homme car même si elle courait avec lui, elle tentait aussi de s’en libérer. Mais à un moment, elle s’aperçut que quelqu’un les suivaient, ou plutôt quelque chose, une bête se dit-elle. La bête faisait bouger les arbres très violement et on pouvait entendre les craquements et bruissements du bois et des feuilles qui se trouvaient sur son passage. Puis à nouveau, des cris épouvantables se firent entendre et se coupèrent net en un instant. La peur l’envahit et elle se mit à courir sans rechigner. Des lumières de torches allumés et mouvantes entre les arbres étaient apercevables plus nettement à chaque pas. Ils approchèrent de plus en plus de la lisière de la forêt tandis que la bête semblait de plus en plus se rapproché. Enfin… ils sortirent, tout essoufflé qu’ils étaient et s’écartèrent le plus possible de la forêt. Un petit groupe armé d'arbalètes, de haches et autres objets tranchants, était regroupé et ils s’approchèrent des deux qui venaient de sortir en se demandant ce qui pouvait bien se passer dans la forêt.

- Elle nous suivait, dit l’homme essoufflé qui venait de sauvé la mère de la fille. Elle va surement sortir d’un moment à l’autre.

Et en effet, on pouvait apercevoir les arbres, feuilles et buissons bougés qui signifiait que quelque chose s’approchait. Tout le monde était sur ces gardes, quand… ils virent sortir la bête… Mais… ce n’était pas une bête qui avait surgi des arbres… il s’agissait de la petite fille perdu. Elle semblait désorientée et agitait les bras devant elle comme pour essayer de toucher quelque chose qu’elle ne voyait pas. La mère cria après sa fille en affichant des larmes plein les yeux. Elle s’élança pour aller la retrouver, mais le groupe l’en empêcha. La mère ne comprit pas pourquoi ils agissaient ainsi, et l’homme qui venait de la sauver lui demanda s’il s’agissait bien de sa fille, en regardant d’un air apeuré la petite. La mère regarda, très en colère, plus précisément en direction de la forêt et elle put distinguer et confirmer qu’elle était bien sa fille. Mais en regardant plus attentivement, elle vit quelque chose qui lui glaça le sang… sa fille était recouverte de sang. Cette scène terrorisa la mère, et cela ne fit qu’accentuer ses larmes. Elle se débattue de toutes ses forces pour se libérer des hommes qui la retenait, et quand elle y arriva, elle courut vers sa fille, et s’arrêta apeuré quelque mettre devant elle.

- Chérie, dit la mère en laissant entendre qu’elle pleurait, tu vas… bien ? Elle déglutit en voyant sa fille recouverte de sang. Ses cheveux blonds étaient devenus rouges.

- Maman ?! Dit la fille en pleurant sur un air encore plus apeurée que sa mère. Je ne vois plus rien maman. Elle mit ses mains sur ses yeux, comme pour vérifier s’ils étaient encore là.

La petite fille, semblait saigner des yeux, des larmes rouges en coulaient.

- Qu’est-ce qu’il… qu’il s’est passé dans la forêt chérie ? Elle approchait de sa fille à petit pas.

- Je ne sais pas… Papa me tenait la main et d’un coup tout est devenu noir. J’ai entendu des cris, très fort dans mes oreilles. Maman j’ai peur, où est Papa et pourquoi je ne vois plus rien. Un silence se fit entendre. La petite était tétaniser et pleurait fortement. Maman ?!

- Oui ma chérie… Elle renifla fort et essuya ses larmes, je suis là. Elle s’agenouilla devant sa fille et lui prit les mains pour lui montrer qu’elle était là. Elle tenta d’essuyer le visage ensanglanté de sa fille, sans réussir à enlever le sang, puis elle la prit dans ses bras. Elles pleuraient toutes les deux, la mère se releva, sa fille toujours serrée contre elle et se retourna en direction du groupe resté en retrait. Mais elle se stoppa net et lassant échapper un petit cri étouffé.

- Maman ?! Qu’est-ce qu’il y a maman ? Demanda la fille ne pouvant pas voir la situation.

- Rien… rien, tout va bien se passer. Elle lui caressa les cheveux pour la réconforter et se retourna brusquement, en la serrant le plus fort possible pour la protéger. Elle tomba face contre terre. La mère venait de recevoir une flèche dans le dos qui était destinée à sa petite fille. Les hommes qui au départ voulaient sauver la petite fille, souhaitaient maintenant la tuer. Ils avaient pris peur, l’homme qui avait aidé à sortir la mère de la forêt affirmait avoir vu la petite tuer son père. Les hommes s’approchèrent du corps étendu de la mère qui recouvrait sa fille. Ils retournèrent le corps dans l’idée de tuer la fille, mais à leur grande stupeur, la fille avait disparu. Il ne restait que le corps sans vie de la mère. Tout le monde était sous le choc de ce qu’ils venaient de vivre, puis d’un coup un nouveau cri se fit entendre dans la forêt, mais celui-ci, n’était pas un cri de peur, il ressemblait plus à… à de la rage. Et il sembla durer une éternité, raisonnant dans l’obscurité de la nuit, encore et encore. Depuis ce jour, personne ne mit plus les pieds dans cette forêt. »

La fin de journée approchait quand la route s’éloignait de plus en plus de la Forêt Maudite, laissant apparaitre des prairies et des champs à pertes de vues. Au loin on apercevait un village, c’était Tanord. Tanord était réputé pour son auberge : La Pinte d’Argent. On y trouvait nourriture, boisson, logis et femme. Chaque soir avait sa chanson et c’était sans aucun doute l’endroit le plus festif d’Elementaris. Une fois arrivé au village, les gardes répandirent la nouvelle de la mort de la mère du roi. Ils décidèrent de passer la nuit à l’auberge, qui ce soir-là resta silencieuse. Roy et Aude se firent offrir la nuit dans la plus luxueuse des chambres de l’auberge. Ils mangèrent rapidement de façon à aller vite se coucher. Le lendemain, ils s’habillèrent et ne prirent pas de déjeuner. Une fois tout le monde prêt, ils remontèrent dans la diligence et le convoi ce remit en marche en direction de Ropes. Ils eurent quitté Tanord avant midi, le soleil resplendissait et les paysages de prairies fleuries tout autour de la route apportaient un peu de distraction à l’escorte. En début d’après-midi, on commençait à bien distinguer le château de Ropes au loin. En milieu d’après-midi, ils arrivèrent à l’entrée du village de Ropes. Les gardes n’eurent pas à annoncer la triste nouvelle aux villageois qui étaient déjà au courant. Ils étaient plus particulièrement touchés par cette perte, car leur Mères comme ils aimaient l’appeler, était très proche d’eux. Et un peu partout dans le village on pouvait entendre des pleurs et des condoléances criés aux abords de la diligence, mais le roi ne donna aucun signe en retour. La diligence arriva devant la grille de fer des murailles du château, elle s’ouvrit et tout le convoi pénétra dans la cours du château. Les gardes allèrent mettre leurs chevaux aux écuries et se déséquiper, tandis que  le roi et la reine descendirent de la diligence. Un domestique se précipita vers eux, et tira sa révérence. Il paraissait intimidé et ne sachant pas trop quoi faire. Il ne prononça pas un mot en voyant la mine triste du roi et demanda d’un geste de le suivre. Ils gravirent ensemble les marches qui menaient au château, franchirent la grande porte du château, traversèrent un couloir avec de grande colonnes, montèrent un escalier et arrivèrent devant une porte en bois blanche. Roy mit sa main sur la poigné mais hésita à ouvrir la porte. La boule au ventre qu’il ressentait n’avait encore jamais été aussi intense. Il se força à essayer d’ouvrir la porte, sans vraiment y parvenir. Puis il pensa à Aude, se retourna et la regarda. Elle lui fit un signe affectueux de la tête et il se retourna en ouvrant la porte. Sa mère était allongée sur le lit de la chambre, elle semblait dormir. Il s’approcha du lit et pris la main de sa mère, il commença à pleurer. Puis Aude et le domestique entrèrent à leur tour dans la chambre. Aude alla derrière Roy pour l’aider à supporter la situation et le domestique se positionna devant le lit. Au bout d’un moment Roy demanda à voix haute :

- Comment est-ce arrivé ?

- Elle ne s’est pas réveiller, monsieur, annonça le domestique. Tout semblait aller bien la veille de sa mort pourtant.

Un nouveau silence s’installa et le domestique quitta la chambre pour laisser Aude et Roy tout seuls. Un moment plus tard, Aude décida de laisser Roy tout seul afin de préparer les funérailles. En un jour Aude avait prévu la date, le chemin à suivre pour transporter le corps du château au tombeau et même les habits qu’elle, son mari et sa défunte mère porteraient. Toute la semaine qui suivie leur arrivé, le couple passa son temps à recevoir tout un tas de villageois présentant leurs condoléances ainsi que des cadeaux. Les plus prestigieux maitre de guilde du royaume avaient fait le déplacement de Boisonir (village de Verda) jusqu’à Ropes. Une semaine après leur arrivé jour pour jour, il était temps d’enterrer la mère de Roy. Les funérailles ce passèrent comme prévue, aucun incident ne fut à déclarer. Roy qui avait eu le temps d’accepter la perte de sa mère prononça même un discours en remerciant tous les habitants du Royaume de lui être toujours fidèles et de pouvoir partager sa peine avec eux. Il leur dit aussi que pour apaiser leur peine, sa femme et lui resteraient un peu plus longtemps que prévu dans le château de ses parents. Ils refermèrent le tombeau une fois que sa mère fut placée dans une tombe à côté de celle son mari. Ils retournèrent au château et dinèrent tous les deux en tête à tête. Roy paraissait un plus soulagé, mais il évitait le regard d’Aude. Aucun mot ne fut prononcer ce soir-là et Aude quitta la table avant que Roy eu fini de manger et toujours sans prononcer un mot. Roy la rejoignit quelques minutes après. Le lendemain, ils se devaient toujours d’accueillir tous les villageois qui souhaitaient présenter leurs condoléances. Ils reçurent un pécheur venu d’Agamard (Ville de Praira, la plus proche de la mer du Royaume) qui leur offrit une cargaison de poisson, un artificier qui leur offrit de vieux colliers qui soit disant portaient chance, un tailleur qui avait cousu une peinture censé représenter sa mère mais dont la ressemblance n’était pas du tout frappante, et toute le reste de la journée ce passa ainsi. En fin de journée, ils décidèrent de stopper les visites et firent donc fermer l’accès au château.

- Quelle journée ! S’exclama Roy exténué sur son trône. J’espère que les visites d’honneur ne vont plus durer longtemps. Aude était droite sur son trône et semblait aussi épuisée.

- Je crois que nous aurons de la soupe de Toteille ce soir, si tu veux on peut aller tout de suite voir si elle est prête, annonça Aude.

- Allons-y, j’ai faim et j’aimerais…

La porte de la salle du trône s’ouvrit, tous les deux s’étaient levés pour quitter la salle et se retournèrent pour voir qui venait. Une femme encapuchonnée se faufila entre les portes entrouvertes. Elle était vêtue d’une cape de voyage noir et laissait apparaitre une robe légère noir et rouge foncé sous sa cape. Elle s’approcha lentement du couple. Et Roy se mit à crier :

- Qui êtes-vous et que faites-vous là ? J’avais ordonné aux gardes de ne laisser plus personne entrer. Roy légèrement en colère, s’adressa aux gardes présents dans la salle du trône. Gardes, faites la sortir d’ici. Il se retourna et se dirigea vers sa femme en pensant qu’ils pourraient enfin manger. Mais Aude, regardait toujours dans la direction de la femme encapuchonnée et paraissait inquiète.

- Ils ne font rien, murmura Aude à Roy quand il fut à sa hauteur, les gardes Roy, ils ne bougent pas. Roy se retourna, la femme était immobile au milieu de la salle. Roy regarda attentivement les gardes et il vit Phinéas et Mathieu debout et immobiles.

- Phinéas vous êtes devenu sourd depuis votre arrivé au château ? Roy était rouge de colère, mais ils restèrent immobiles. Il regarda d’autres gardes présents dans la salle et tous donnaient l’impression de l’ignoré. Bande d’incapable, je vais tous vous envoyé sur Somma (Ile/Région désertique) si vous n’obéissez pas…

- Ils ne vous entendent pas votre majesté, dit la femme encapuchonnée.

- Comment ça, ils ne m’entendent pas ? Vous êtes folles où quoi ? Roy réitéra son ordre mais il se fit interrompre.

- Inutile votre majesté, ils n’entendent rien, ne voient rien, ne sentent rien. Déclara la femme d’une voix ténébreuse.

- Que voulez-vous dire par là ? Roy commençait à prendre peur et fit quelque pas en arrière pour être prêt d’Aude.

- Je les ais… en quelque sorte… d’une certaine façon… si vous me permettez le terme… ensorcelé ! La femme releva un peu la tête, sans dévoilé pour autant son visage toujours masqué par l’ombre de sa capuche.

Roy et Aude se prirent l’un dans l’autre dans les bras. La femme, débordant de confiance, commença à faire des pas lents dans leurs directions.

- Que voulez-vous ? Demanda Roy avec moins de confiance que la femme qu'il avait en face de lui.

- Humm… Je suis ici pour vous annoncer… plutôt vous prédire l’avenir de… -la femme releva sa capuche- vos enfants !

Publié dans Elementaris

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article